Meta voit son chiffre d’affaires baisser pour la première fois de son histoire


Il ne s’agit que d’une baisse de 1 % mais elle n’en est pas moins historique. Pour la première fois, Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a vu son chiffre d’affaires trimestriel diminuer, selon une annonce faite par le groupe, mercredi 27 juillet. « Nous allons devoir faire plus avec moins de ressources », a déclaré le patron du géant des réseaux sociaux, Mark Zuckerberg.

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Entre la concurrence d’autres plateformes comme TikTok et les coupes budgétaires des annonceurs dues à la mauvaise conjoncture économique, les revenus de Meta (Facebook, Instagram) ont baissé de 1 % au deuxième trimestre, à 28,8 milliards de dollars, comparé au deuxième trimestre 2021. Quant au bénéfice net, il a chuté de 36 % à 6,7 milliards.

« La situation semble pire qu’il y a trois mois », a reconnu Mark Zuckerberg lors d’une conférence téléphonique aux analystes. Il a prévu de ralentir le rythme des investissements, notamment en « réduisant la croissance du personnel pendant l’année à venir ». Meta compte près de 84 000 employés dans le monde, 32 % de plus qu’il y a un an.

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A Wall Street, l’action de la société reculait de plus de 4 % lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.

Moins deux millions d’usagers mensuels de Facebook

Du côté de l’audience, Facebook a augmenté le nombre d’utilisateurs actifs au quotidien à 1,97 milliard, mais a perdu 2 millions d’usagers mensuels. En tout, au 30 juin, 3,65 milliards de personnes dans le monde fréquentaient tous les mois au moins l’un des quatre réseaux et messageries du groupe – Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger.

Meta est surveillé comme du lait sur le feu par le marché depuis le début de l’année, quand le groupe avait annoncé pour la première fois avoir perdu des utilisateurs sur son réseau social d’origine, Facebook. Environ un million d’utilisateurs actifs quotidiens ont quitté la plateforme pendant les trois derniers mois de 2021.

Depuis début février, le prix de l’action a été divisé par deux et plus de 400 milliards de dollars de capitalisation boursière sont partis en fumée.

Le numéro deux mondial de la publicité numérique tire sa puissance de sa capacité à cibler avec précision des centaines de millions d’utilisateurs, dans un environnement où ils passent du temps au quotidien, à socialiser ou à se divertir. « Mais Meta est en train de perdre son emprise sur son immense audience », constate auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Debra Aho Williamson, analyste chez Insider Intelligence. « Sa base d’utilisateurs américains de Facebook croît à peine, et même si Instagram aide à faire avancer la barque, on commence à observer un ralentissement du côté des ados et jeunes adultes », a-t-elle poursuivi.

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Instagram critiqué

L’application de photos et vidéos a été chahutée cette semaine, quand les célébrités Kim Kardashian et Kylie Jenner l’ont appelée à « redevenir Instagram » et à « cesser d’essayer d’être TikTok », un message largement applaudi et relayé par des usagers. Meta, comme Google sur YouTube, a en effet copié le format de vidéos courtes et captivantes de TikTok, publiées par des créateurs et recommandées aux usagers grâce à un algorithme très performant.

Mark Zuckerberg a confirmé cette orientation. Il a indiqué qu’actuellement, environ 15 % des contenus vus par les usagers de Facebook et Instagram viennent de recommandations de l’algorithme. « Ces chiffres devraient au moins doubler d’ici la fin de l’année », a-t-il précisé.

Les grandes plateformes souffrent en outre des modifications d’Apple sur sa politique de confidentialité des données, qui ont réduit leur marge de manœuvre en matière de personnalisation des publicités.

La semaine dernière, Snap a plongé de 40 % au lendemain de performances financières jugées décevantes, malgré une hausse notable du nombre d’utilisateurs de Snapchat. Et Google a enregistré mardi le plus faible taux de croissance de ses revenus sur un an depuis le deuxième trimestre de 2020. Les deux sociétés, comme de nombreuses autres entreprises technologiques, vont substantiellement ralentir le rythme des embauches.

Ces difficultés gênent Meta dans ses efforts pour construire le « métavers », un univers parallèle accessible en réalité augmentée et virtuelle (AR et VR) et présenté comme l’avenir d’internet.

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Mercredi, l’autorité américaine de la concurrence (FTC) a en outre lancé des poursuites contre Meta pour l’empêcher de racheter Within Unlimited et son application d’exercice physique en VR Supernatural. La FTC accuse le groupe américain « d’acheter des parts de marché au lieu de les gagner au mérite », comme il l’avait fait, selon elle, en acquérant Instagram et la messagerie WhatsApp dans les années 2010.

Écouter aussi A la recherche du métavers

Le Monde avec AFP



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